témoignage d'une travailleuse sociale

Publié le par vero

 VOICI LE TEMOIGNAGE DE Ginette, travailleuse sociale dans un ccas, elle décrit ici une situation qu'elle a vécue dans le cadre de son travail.
MERCI GINETTE POUR CE TEMOIGNAGE POIGNANT.

Je suis pas trop douée dans les explications, donc je vais te parler d’une situations que j’ai croisée dans le cadre de mon boulot.

En fait, cette situation m’a particulièrement marquée car il s’agissait d’une jeune fille à peine plus jeune que moi (on avait 6 mois d’écart) et en plus elle a été mon « premier suivi » en tant que travailleur social.

C’était il y a un peu moins de 4 ans, je prenais mon tout premier poste dans un grand CCAS.
Les deux premières semaines, j’ai beaucoup observée mes autres collègues et puis, on m’a collé mon premier dossier dans les pattes : une jeune fille de 21 ans victime de violences conjugales.

Je m’isole avec elle dans un bureau. Je me présente, j’essaye de la mettre à l’aise. Une chance, nos âges presque similaires nous rapprochent. La jeune fille, appelons la Linda, m’explique qu’elle habite avec son compagnon depuis maintenant 2 ans et qu’il la bat régulièrement depuis un peu plus d’un an. Dernièrement, elle a même perdu un bébé. Ca a été l’élément déclic… Son bébé est mort à cause de lui.

Elle me demande les démarches qu’elle doit entreprendre pour le quitter, pour se sauver… Elle a peur, s’il la retrouve, il la tue !

Je lui explique que dans l’immédiat, je ne peux pas la renseigner, mais qu’elle revienne me voir dès le lendemain et je pourrais la renseigner.

Linda s’en va.

Je rentre chez moi… Et je fais comment pour dormir moi ? Pourquoi dès que je ferme les yeux, c’est son visage bleusé qui s’impose ? Pourquoi en formation on ne nous apprend pas à nous blinder face à ce genre de situations ?

Après une nuit agitée, je retourne au bureau. La veille au soir, j’ai appelé une association d’aide aux femmes battues. Ils m’ont indiqué les démarches à entreprendre :

Se rendre à l’Institut Médico Légal le plus proche de chez soi pour faire constater les coups.

Aller porter plainte auprès du commissariat ou de la gendarmerie en leur présentant le certificat que le médecin de l’IML aura établit. Au besoin, se faire accompagner par une personne de confiance (ami, représentant d’une asso d’aide aux femmes battues qui accompagne la femme en souffrance, juriste,…)

Ca, c’est le minimum en cas de dépôt de plainte contre le bourreau.

J’ai accompagné Linda à l’IML ainsi que pour son dépôt de plainte. Au commissariat, on est tombé sur une femme très douce et patiente. Elle nous a donné les coordonnées de plusieurs associations qui viennent en aide aux femmes battues ainsi que les coordonnées du CIDFF (Centre d’Information sur le Droit des Femmes et des Familles).

De retour au bureau avec Linda, nous avons téléphoné au CIDFF. J’ai expliqué brièvement la situation et nous avons eu un rendez vous pour l’après midi même. Là bas, Linda a trouvé un soutien psychologique et juridique. En effet, des psychologues et des juristes travaillent pour cette structure. Elle est très bien entourée. La juriste lui fait appeler une asso d’aide. Linda accepte et raconte à nouveau son histoire. La personne qu’elle a au téléphone lui fait comprendre qu’elle ne peut plus retourner là où elle habitait jusqu’à présent maintenant qu’elle a porté plainte.

Que faire ?

Un foyer ? J’en appelle quelques uns, ils sont tous plein.

Aller se cacher dans la famille ? Ca fait bien longtemps que son compagnon lui a fait couper les ponts avec sa famille.

Linda s’en va.

Nouvelle nuit d’angoisse pour moi.

Le lendemain, j’ai un coup de fil de Linda « ne t’inquiète pas, j’ai trouvé où me loger. Voici ma nouvelle adresse »

Pendant une quinzaine de jours, tout se passe bien. Mais c’est de courte durée. Son compagnon l’a retrouvé et lui fait vivre à nouveau un calvaire.

Je la retrouve blessée, elle retourne vivre chez lui, elle a peur. Il la frappe de plus en plus violement, j’ai peur pour elle, peur qu’elle ne se relève pas.

Je ne peux plus gérer ce dossier toute seule. Trop lourd pour mes petites épaules. En plus, chose à ne pas faire, je me suis trop impliquée personnellement. J’ai du mal à séparer ma vie professionnelle et personnelle… Je crie au secours à mon chef de service qui a le bras long et qui prend les choses en main.

Quelques semaines plus tard, son compagnon est jugé.

Placée sous protection de la police et avec l’aide de l’asso d’aide qui la suivait, Linda a déménagée quelque part et à même changé d’identité. Espérons qu’à ce jour tout se passe bien pour elle. Je ne l’ai plus jamais revue.

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G
Coucou ! Merci de m'avoir éditée et j'espère que ça pourra éclairer un peu.En revanche, petite modif : j'ai vécu cette situation lorsque je bossais dans un CCAS et non dans une structure pour femmes victimes de violences conjugales. Et actuellement, je bosse auprès d'enfants en difficultés.Bonne journée à toi !
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V
<br /> je vais rectifier cela, ginettesi tu le desires on peut contnuer a correspondre par mail voir msn . Moi je travaille avec des enfants deficients.Dis j'ai une bonne nouvelle:je suis amoureuse d'un<br /> ange, et tres heureuse, je revis.bonne soirée vero<br /> <br /> <br />