témoignage de Magali: à faire froid dans le dos

Publié le par vero

Bonjour Vero, je t'écrit ce commentaire car ton histoire m'a beaucoup touché et m'a fait rappeler celle de mon enfance, celle de ma mère.
 Mais, à la différence de ta situation, mon père ne l'a jamais battue. Il utilisait une autre forme de violence, celle qui ne laisse pas de marques sur le corps mais dans l'esprit, tout aussi destructrice.
Ma mère n'avait que 16 ans lorsqu'elle est tombée enceinte de moi et qu'elle a épousé mon père. Il s'est rapidement embrouillé avec toute la famille de ma mère et lui a fait couper les ponts avec ces derniers en nous emmenant vivre en pleine campagne, en Bretagne, éloigné de tout. Ma mère était complètement isolée, elle ne parlait pas un mot de français car elle venait d'arriver en France et toute sa famille était à des centaines de kilomètres et lui avait tourné le dos.
Mon père trompait ma mère ouvertement et la rabaissait toujours en la comparant à ses maitresses. Il partait toujours plusieurs semaines avec celles-ci en laissant maman seule avec 4 enfants en bas âge, sans provision et sans argent. Heureusement, nous avions des religieuses pour voisines et elles nous rendaient visites ponctuellement et nous apportaient des boites de conserve. Quand il rentrait, mon père nous montrait fièrement à nous, les enfants, devant ma mère, ses photos presque pornographiques avec sa maitresse qu'il nous présentait comme sa copine. Lorsqu'il se rendait compte que quelqu'un nous avait ravitaillé, il se mettait dans une colère folle et, malgré les explications de ma mère, il se mettait à battre les enfants en représailles. Il nous mettai tout nu et se saisissait alors de cables divers pour nous fouetter, il choisissait toujours celui qui ferait le plus souffrir. Il avait une préférence pour les cables métalliques bien raides et assez fins, ceux qui tranchent bien la peau, et il nous flagellait de toute la force de sa colère. Il ne fouettait que les enfants et à chaque fois que ma mère le suppliait d'arrêter, il nous en collait chacun 10 de plus. A la fin, nos petits corps étaient striés de coupures sanguinolentes et il nous disait que c'était la faute de notre mère s'il nous avait battu. Il nous disait que notre mère était une chienne et que nous n'étions sûrement pas ses enfants mais des espèces de sales bâtards.
Lorsque nous avons déménagé dans une ville plus grande, ma mère s'est empressé d'aller prendre des leçons de conduite qu'elle payait avec l'argent de ses Allocations Familiales. Un jour, qu'elle était partie au code, mon père est rentré du travail plus tôt que prévu. J'avais 9 ans. Il s'est mis dans une rage folle et s'est saisi d'une planche de bois. J'ai pris mon petit frère qui avait 4 ans et nous sommes allés nous cacher. Ma soeur qui avait 8 ans et mon autre frère de 6 ans sont eux aussi partis se cacher mais mon père les a trouvé, il les a attaché et battu comme des animaux et après il les a enfermé dans des grands sacs poubelles. Lorsque ma mère est rentrée, il l'a menacée que la prochaine fois, il tuerait tous les enfants, les dépèceraient et les démembrerait avant de les mettre dans les sacs poubelles.
Il s'est passé des tas d'autres évènements tout aussi traumatisants les uns que les autres. Mon père débordait d'imagination dans l'art de torturer ses enfants: brûlures, scalps, piqûres, noyades.... c'était quasi quotidien.
Ma mère nous a toujours défendu d'en parler à qui que ce soit car elle disait que même si papa allait en prison, il en ressortirait encore plus dangereux et que là, oui, il nous tuerait vraiment.
Et puis, ça s'est terminé comme ça: c'était le jour de mes 18 ans. Un garçon m'appelle à la maison sans doute pour me souhaiter un joyeux anniversaire. Il avait obtenu le numéro par une de mes copines. Il nous était interdit de décrocher le téléphone. Quand mon père était là, c'était toujours lui qui devait répondre et après il écoutait nos conversations avec le téléphone qui était dans sa chambre. Ce soir là, il raccroche énergiquement presqu'aussitôt après avoir répondu. Il se tourne vers moi avec une expression terrifiante sur le visage et commence par dire:"c'était un garçon et il t'a demandé". Je lui répond que je n'ai jamais donné notre numéro à un garçon. Alors, il me donne une gifle qui me fait tomber à moitié évanouie par terre en me traitant de "sale pute, comme ta mère" et me lance des tas d'objets sur la tête, dont le téléphone. Puis il s'en va dans une autre pièce. Ma mère s'approche de moi pour voir si je ne suis pas trop blessée, mais ma soeur, inquiète, suit mon père pour voir ce qu'il est allé faire. Tout à coup, j'entends ma soeur crier: "Magalie, cours, enfuis-toi!! Papa arrive avec une hache!!" TRop tard, je ne peux plus atteindre la porte de la maison, il est déjà devant!! Ma seule alternative, monter l'escalier juste à côté de moi. Pendant que je monte les marches à toute vitesse, mon père assène un coup de hache musclé qui détruit un morceau de la rampe de l'escalier. Terrifiée, je m'enferme à clé dans ma chambre et je recule tout au fond en me disant que ce n'est qu'un cauchemar et que je finirais par me réveiller. Mais mon père détruit la porte à grands coups de hache. SAns doute poussée par l'instinct de survie, j'ouvre la fenêtre, je saute et en atterissant sur le goudron de la cour, je me luxe un genou. J'ai horriblement mal mais j'entends ma mère et ma soeur qui me crient de partir, alors la peur l'emporte sur tout et je cours. Le lendemain, j'attends que mon père soit parti au travail pour rentrer. Nous sommes un Lundi, il est presque 10 h et je dois me rendre au lycée. Ma mère ma rassure, il ne s'en est pris à personne après que je me sois enfuie. Elle m'emmène chez le médecin qui m'ausculte et là, pour la première fois, elle lui demande de mentionner dans mon dossier médical que ma blessure fait suite à la violence de mon père. Ensuite, elle nous emmène au lycée et nous demande de faire comme si de rien n'était. Moi, j'obéis, mais ma soeur ne l'entend pas de cette oreille, après ce qui s'était passé, elle n'avait pas le coeur à étudier. Alors elle fait l'école buissonière toute la journée et lorsqu'elle revient au lycée pour chercher son sac, elle se fait attraper par le proviseur qui la menace d'envoyer un courrier à nos parents. Elle le supplie de ne pas faire ça et se met à tout lui raconter. Tout s'enchaine: l'assistante sociale du lycée s'en mêle, le tribunal de Lorient décide de faire intervenir les gendarmes.
Ca a été le moment le plus horrible de toute ma vie!!! Les gendarmes nous ont séparés pour nous "interroger". Celui qui s'occupait de moi ne faisait que de me poser des questions complètement bidons et s'intéressait vaguement aux réponses que je donnais. Lorsque je commençais à parler de ce que j'avais vécu, il m'interrompait en me disant qu'il n'était pas psy.Puis, le chef fait irruption dans la pièce en me parlant d'une voix puissante sans doute dans le but de m'impressionner. Il me dit:"Alors, c'est fini les mensonges maintenant? Vous êtes prêtes à jouer cartes sur table?" Je lui réponds que je ne mens pas. "Oh que si vous mentez!! Je vois très clair dans votre jeu! Vous voulez faire payer votre père car il vous empêche de voir des garçons. C'est lui qui l'a dit et je le connais, c'est quelqu'un de bien qui est soucieux de la bonne éducation de ses enfants. Et malgré lui, vous êtes devenu des bons à rien, vous ne méritez pas d'avoir un père comme lui!!" De rage, j'essaie de partir du poste mais ils me retiennent en me disant que je dois finir ce que j'ai commencé. Ils passent le reste de la soirée à me tailler, à me dire que je suis démasquée, que je suis pathétique et que c'est moi qui mérite d'aller en prison pour avoir dit des choses si mauvaises sur mon père, bref, un vrai calvaire!! Enfin, ils me mettent dans le hall d'entrée avec ma soeur. Mes petits frères ont été placés dans un foyer, mon père est en garde à vue. Puis ils reviennent et nous annonce que le tribunal a décidé de faire suivre ma soeur par un éducateur spécialisé parce qu'elle était mineure et moi, ils me disent d'un ton méprisant:" Et vous, vous êtes majeure. Vous avez de la chance que ni nous ni votre père n'entame une procédure pour diffamation à votre encontre. Le tribunal a décidé de vous laisser partir libre.  

Publié dans temoignage de victimes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article